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Où les (très) riches se cachent-ils ?


Les riches à la capitale ! Telle serait la réponse concise la plus exacte puisque sur les 500 premières fortunes françaises, la moitié se concentrent en Ile-de-France. Mais cela ne dit pas tout. Bien des territoires de par le pays ont fait valoir leurs atouts pour attirer ces fleurons de l'économie nationale.

La richesse nous fascine. Et l'excellent documentaire réalisé récemment par Elise Lucet ne dit pas autre chose. Dès lors, quitte à s'éprendre du sujet, autant le comprendre. Tribune s'il en est de cette ode nationale aux très riches, Challenges.fr publie et actualise le classement des 500 plus grandes fortunesfrançaises. Présentées sous forme d'une liste à plusieurs entrées interminable, ces données ne présentent en l'espèce que peu d'intérêt tant leur visualisation demeure abstraite. Une fois passée la première page et les sommes astronomiques brassées par les Bettentcourt, Bouygues, Dassaut et consorts, on décroche vite. Il semblait donc particulièrement intéressant de "faire parler" ces données, de les mettre en forme afin d'en rendre la visualisation intelligible.

La démarche : Montrer où les plus riches implantent leurs affaires et pourquoi

Et pourquoi ne pas commencer par s'attacher à montrer d'où sont géographiquement issues ces grandes fortunes, d'où les patrons qui tiennent le pays ont fait fortunes. Ou plutôt, où leur entreprises sont implantées. Car oui, précision de taille, on parle bien ici du lieu d'implantation des entreprises détenues par ces très riches, et non de leur lieu de résidence, une donnée bien plus secrète - bien que les deux se confondent parfois.

C'est justement là le plus intéressant pour notre analyse. Quelle aurait été l'utilité de désigner les lieux de résidence des très riches ? Cela relève de la simple stigmatisation. On sait par ailleurs très bien que la plupart habitent Neuilly, Londres ou des contrées bien plus exotiques. Même du point de vue de la ségrégation spatiale, une telle analyse ne se révèlerait que d'un intérêt très limité.

A l'inverse, connaitre l'emplacement des entreprises les plus importantes de France permet de comprendre la dynamique des territoires vers lesquels elles convergent, leur attrait, et d'envisager les raisons qui ont permis le développement desdites entreprises dans ces régions.

Un ancrage territorial très rationalisé

Pour Paris, les raisons sont claires : la centralisation de l'économie et des centres décisionnels français y sont pour beaucoup. Pour ce qui est du Bordelais, là aussi, rien de surprenant : l'écrasante majorité des sociétés y étant implantées sont des châteaux à la production vinicole mondialement renommée. Si l'on entre dans une analyse plus fine, on peut par exemple cerner les raisons qui ont motivé certaines des entreprises de ce top 500 à s'implanter sur le sol de l'oncle Sam. Sur les cinq firmes ayant traversé l'Atlantique, quatre travaillent dans le secteur d'internet et des télécommunications, dont trois dans sur la côte ouest : THE place to be pour ce genre de business.

Autre exemple : Londres et sa City ont par ailleurs attiré quatre des 500 premières sociétés françaises. Et, par le plus grand des hasards, trois ont pour secteur d'activité la finance. On pourrait aussi citer les compagnies productrices de champagne de la région rémoise ou encore les firmes agro-alimentaires de l'ouest... Dans d'autres cas - comme pour le Groupe Nicollin et l'Institut Mérieux dans la région lyonnaise, Michelin à Clermont-Ferrand ou Newrest à Toulouse - c'est l'attachement d'une famille ou d'une personne à un territoire déjà propice qui a permis de conserver le siège social dans sa région d'origine.

Grandes villes, littoraux et axes de communications drainent la richesse

Sur l'analyse de la concentration et de la répartition géographique, comme le prouve l'attendue et logique hégémonie francilienne, peu de surprises. Les grands sièges sociaux se concentrent à proximité des principaux axes de circulation, dans les régions côtières ou frontalières et autour des grandes métropoles - Lyon, Lille et Marseille en tête. Le centre, les anciennes régions minières - nord et Cévennes - ou industrielles - Lorraine -, aujourd'hui dépeuplées, ne semblent en revanche pas très séduisants aux yeux de ces entreprises.

Un constat étayé par une réalité démographique bien connue. A la fameuse "diagonale du vide" répond une sorte de bouée du vide, autour de la région parisienne, sur cette carte. Enfin, il peut apparaître surprenant que des villes d'importance notoire comme Toulouse, Nice, Strasbourg, Rennes ou Montpellier n'attirent pas plus. Une caractéristique imputable au penchant scientifique, culturel et universitaire, touristique voire administratif de ces territoires, dont l'économie n'est par conséquent pas drainée par de grandes entreprise.

Dans le cas de Toulouse, l'absence du classement de la société Airbus, consortium européen, est un facteur de biais non négligeable de notre analyse.

Le luxe et le vin : un savoir-faire bien de chez nous

Deuxième versant de notre étude de ces 500 plus importantes fortunes françaises, leur analyse sectorielle. Ou pour faire simple : que vendent les riches ? L'analyse des données révèle une réalité bien connue, à savoir la prédominance des secteurs dits du luxe ou de pointe. Des segments d'activité qui nécessitent un savoir-faire extrêmement précis, et donc à forte valeur ajoutée. S'il ne traite que des plus importantes fortunes, le graphique ci-dessous n'en est pas moins révélateur quant à l'état global de l'économie française.

Ces 500 très riches, à l'instar de grands électeurs, représentent bien, quoiqu'imparfaitement bien sûr, les secteurs porteurs au niveau national. Avec plus de 81 milliards d'euros cumulés, le secteur du luxe représente 21% de la fortune de nos très riches. On retrouve à leur proue Bernard Arnaud - première fortune française avec 27 milliards d'euros - les familles Puech et Hermès - société Hermès -ou encore la famille Wertheimer - Channel. Ce domaine d'activité est suivi par ceux de la distribution et des cosmétiques - dont Liliane Bettencourt et la famille Meyers avec L'Oréal dopent à eux seuls la position. Vient ensuite logiquement le secteur de la production de vin, champagne et autres spiritueux.

Les limites de la visualisation des données

Alors certes, ce genre de classification a ses limites, ses imperfections. Il arrive ainsi de repérer plusieurs entreprises sur un même territoire, avec un même nom de famille mais des propriétaires différents. C'est le fruits de succession ayant engendré un partage des avoirs familiaux.

On rencontre encore des sociétés dont les activités sont transversales et qu'il est par conséquent mal aisé de "ranger" dans l'une ou l'autre des catégories de secteur d'activité. Mais il faut y voir la condition sine qua non à une visualisation claire. Condition qui ne remet d'ailleurs pas en cause la véracité des données représentées.

"Tout ce qui est simple est faux, disait Paul Valéry, qui en tant que poète savait quelque chose de la puissance de l'image, mais tout ce qui ne l'est pas est incompréhensible", ajoutait-il.

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Antoine & Katia

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